My WORLD… Ch 4

Chapitre 4 roman My World

Roman My WORLD de l'auteur Gilles Deschamps

Tom a 31 ans

Chapitre 4

« Ici le directeur de la station. On a enfin la pièce et le technicien vient de m’annoncer que d’ici un quart d’heure vous seriez libre ! Et encore mille excuses pour le désagrément ! »

Tom tend machinalement le bras afin d’enfoncer le petit bouton vert de communication. 

– Ok, est le seul mot qui sort de la bouche de Tom qui sent son cœur se serrer de détresse.

Le moment de magie s’est envolé. Il sait qu’il ne dispose plus que de quelques minutes avant le dur retour à la réalité. Il serre une dernière fois dans ses bras Stina comme le ferait un condamné avant l’exécution, et se relève. Elle aussi est hagarde, fixant le sol avec abattement. Tom lui tend la main afin de l’aider à se relever. Une fois debout elle range machinalement ses affaires, Tom s’occupant des couvertures. À présent ils sont prêts. Ils n’ont plus qu’à attendre.

Chacun dévisage l’autre sans un mot. Leur yeux semblent se dirent qu’ils sont désolés. Puis leurs mains commencent le rapprochement, leurs bras suivent, et ils finissent par se serrer l’un contre l’autre. « Allez Tom c’est ta dernière chance… après il sera trop tard ! » Alors, reprenant sa manœuvre comme avant qu’ils soient dérangés, il avance doucement ses lèvres de celles de Stina qui semble consentante. Ils vont enfin y arriver… quand l’ascenseur s’ébroue, stoppant net leur ultime tentative et ils sentent la cabine s’élever doucement… ils ont définitivement raté le coche.

Quand la porte de l’ascenseur s’ouvre, tirée par le directeur de la station, les deux captifs ont des mines de déterrés, confirmant le fait que ces quelques heures avaient été un calvaire. Aussitôt le mari de Stina la prend dans ses bras et la compagne de Tom se jette dans les siens, pendant que le gérant du Vaisseau des neiges se confond en excuses. « Il faut qu’il arrête de parler, je n’ai plus la force d’entendre quoi que ce soit ! Et si je regarde une fois de plus Stina, je vais perdre pied ! » Alors il met un terme à ce calvaire en coupant net le directeur en pleine élocution :

– On discutera de ça demain, si ça ne vous dérange pas ! On est tous cuits et je pense qu’un bon lit serait le bienvenu ! Donc bonsoir tout le monde, dit-il en prenant Marie par la main et en partant vers la droite afin de réintégrer son appartement.

Il marche tel un robot, épuisé physiquement et surtout moralement. Ces retrouvailles magiques lui laissent un goût d’inachevé dans la bouche. « Ça ne va pas se terminer comme ça ! C’est pas possible qu’après m’avoir donné une seconde chance, la vie me la reprenne instantanément ! » Et soudain une idée traverse le cerveau de Tom. Oh, elle n’est pas brillante, mais elle a au moins le mérite de lui redonner un peu d’espoir. Il se retourne et alors qu’il va interpeller Stina, cette dernière comme par télépathie en fait de même.

– Marie, attends-moi là, j’en ai pour deux secondes.

Sans lui laisser le temps de répondre, il part d’un pas rapide en direction de sa compagne d’infortune. Elle l’imite et au bout de quelques secondes ils sont à nouveau face à face.

– Tu pars samedi ?

– Oui, répond-elle étonnée.

– On ne peut pas se quitter comme ça ! Il nous reste cinq jours et j’aimerais te revoir !

– Je ne sais pas si c’est une bonne idée !

– Écoute on n’a pas le temps de réfléchir trois heures, sinon nos conjoints vont commencer par trouver ça étrange. Je te propose de te retrouver ce soir à vingt-et-une heure au local à poubelle juste à côté de l’ascenseur. Tu auras toute la journée pour y réfléchir, si tu n’es pas là je comprendrai que tu ne voulais pas et dans le cas contraire, on aura bien une idée !

– Ok. Je vais y réfléchir. Bonne nuit Tom.

– Bonne nuit Stina, dit-il en lui tendant la main afin de donner le change face à Marie et Jorgen qui les observent à distance.

Et chacun repart dans la direction opposée le cœur un peu plus léger. 

*

Une fois arrivé à la hauteur de sa petite amie, cette dernière s’étonna qu’il ait encore quelque chose à lui dire après dix heures coincés dans cet ascenseur avec elle. Tom surpris de la réponse de Marie, qui probablement en voyant la beauté de la jeune danoise avait dû ressentir une pointe de jalousie, lui répondit simplement qu’il voulait lui dire au revoir et lui souhaiter un bon séjour, car il avait oublié en partant. Cette réponse sembla lui convenir et elle se serra contre lui en parcourant les derniers mètres les séparant de leur studio. 

Après avoir refermé la porte la jeune femme blonde demanda à Tom comment s’était passé le tête-à-tête forcé ! Tom botta en touche en s’appuyant sur le fait qu’elle était danoise et que forcément la barrière de la langue avait vite été un handicap. Ensuite il se déshabilla en un éclair et alla se coucher. Marie essaya bien de le titiller, nue, collée contre lui, prétextant qu’elle l’avait attendu trop longtemps, mais il ne répondit pas à ses avances, rêvant simplement de… dormir.

Quand il ouvrit les yeux le soleil était au zénith et Tom décida de ne pas aller skier, préférant se racheter aux yeux de sa petite amie en allant faire une balade en forêt, sachant pertinemment que dans la nuit il n’avait pas été très chaleureux avec elle, alors qu’elle avait  probablement dû s’angoisser pendant dix heures.

Le grand air revigora Tom et les deux heures avec Marie furent intenses. En marchant main dans la main avec sa compagne, il repensait au rendez-vous avec Stina. « Est-ce que c’est bien raisonnable ? Après tout j’ai une petite amie en or, belle comme le jour ! Je ne reverrai jamais ma danoise ! Je risque de me mettre des idées saugrenues dans la tête. Est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle ? » 

Tout en dégustant un chocolat chaud face à la baie vitrée de son studio, avec une vue saisissante sur les montagnes et la forêt de sapins, Tom n’avait pas encore pris sa décision. Après tout il ne lui avait pas dit qu’il serait là à vingt-et-une heures ? Il lui avait juste donné un rendez-vous afin de  leur donner le temps de réfléchir et lui aussi avait le droit de ne pas y aller. 

*

Il est vingt-heures quarante-cinq. C’est la tempête dans la tête de Tom. Il regarde Marie qui rit aux éclats en regardant un des nombreux bêtisiers de noël « Elle est magnifique Tom ! Qu’est-ce que tu vas aller te foutre la rate au court bouillon pour une fille que tu as vu une soirée… dans un ascenseur ! Allez, reste tranquillement chez toi et fais un gros câlin à cette belle blonde qui partage ta vie depuis six ans et oublie cette danoise ! » C’est sur cette pensée qu’il vient se serrer à côté d’elle. Elle attrape sa main et ensemble ils continuent de regarder l’émission. Maintenant c’est l’heure de la pub.

– Tom tu pourrais aller jeter les poubelles… j’ai la flemme ! dit-elle en minaudant.

– Ça ne peut pas attendre ? dit-il subitement paniqué à l’idée d’être envoyé dans la gueule du loup par sa propre compagne !

– Le film va bientôt démarrer et après on sera peut-être au lit ! lâche-t-elle d’un ton espiègle.

– Bon ! Ok, j’y vais vite !

Tom se lève, ouvre le placard, attrape le sac poubelle, le ferme, ouvre la porte et se dirige le cœur battant vers le local. Plus il avance et plus il panique. « Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? J’avais pris la décision de ne pas y aller ? Avec un peu de chance elle sera en retard ou ne viendra pas ! » dit-il en constatant que le couloir, légèrement incurvé suivant les lignes originales du bâtiment, est vide. Il ouvre la porte du local, soulève le couvercle en fer du vide ordure et y enfourne le sac. Quand il referme le battant le bruit particulier du sac qui descend les dix étages dans le conduit et va s’écraser vingt mètres plus bas dans la benne à ordure le fait sourire comme le ferait un enfant. Un enfant qui tout compte fait aurait bien envie de revoir son amie danoise et qui sent qu’elle ne viendra pas.

Il prend son temps pour retourner à son studio, priant pour qu’une voix féminine l’interpelle, mais rien. Alors, la mort dans l’âme il attrape la poignée de la porte, se décale et regarde une dernière fois le local à poubelle. « Je crois que c’est mort ! C’est peut-être mieux ainsi ! Elle a choisi pour moi. Allez, rentre faire un gros câlin à Marie et chasse cette brune venue du Nord de tes pensées. » Et au moment où il empoigne la poignée, une femme l’interpelle. Tom relève la tête son cœur se mettant à battre au rythme d’une mitraillette. Il tourne la tête et constate avec douleur que c’est sa voisine, une charmante dame d’une cinquantaine d’année qui lui souhaite une bonne soirée. Il répond poliment et ouvre sa porte.

*

Tom n’entendit pas grand-chose des dialogues du superbe film que regardait Marie ce soir-là. Sans arrêt son esprit tournait et retournait le cas Stina dans sa tête. Alors que dix minutes plus tôt il avait entériné sa décision à propos du cas de la belle danoise et qu’elle était sans appel, maintenant il doutait. Peut-être parce qu’en ne venant pas au rendez-vous, elle lui renvoyait l’image de ce petit garçon qui une fois de plus ne faisait pas le poids… puisqu’elle ne voulait pas le revoir. 

Heureusement pour lui, les arguments dénudés de Marie eurent raison de ses pensées moroses et c’est le cœur léger qu’il s’endormit en serrant dans ses bras sa compagne.

*

Il est neuf heures trente quand Tom sort du lit direction la salle de bain, alors que Marie dort toujours. Dans la pénombre, le yeux encore mi-clos il ne voit pas la petite enveloppe qu’on a glissé sous la porte. Il se déshabille et rentre sous la douche. Marie se lève alors d’un bond et tout en prenant la direction de la salle de bain enlève le peu de vêtements qu’elle porte. Elle ouvre doucement le rideau de douche au grand étonnement de Tom et vient se glisser sous le jet brulant en se collant à lui. Aussitôt la valse de la nuit reprend son cours et les deux corps s’agitent dans un rythme saccadé. Quelques minutes plus tard le sourire est de mise sur le visage des deux amants et Tom sort le premier de la minuscule cabine, tandis que sa petite amie attaque sa toilette. Une fois la serviette nouée autour de lui il aperçoit une enveloppe posée sur le lavabo.

– C’est toi qui a posé ça ?

– Quoi ? dit-elle en passant la tête par la fente du rideau.

– Cette lettre.

– Ah oui, elle était sous la porte. C’est pour toi de la part du technicien, lâche-t-elle avant de retourner sous la douche.

Il décachette l’enveloppe et en sort un petit bout de papier :

« Bonjour Tom. En rangeant les couvertures pendant mon service de nuit j’ai trouvé un bouchon d’appareil photo qui doit vous appartenir. Comme je n’ai pas voulu vous déranger au milieu de la nuit, j’ai donné le petit capuchon à mon collègue qui sera à la boulangerie à dix heures pour de la maintenance. Vous pouvez passer le récupérer il l’aura avec lui. Stive le technicien »

« Ce message est étrange ! s’interroge Tom. Comment ce Stive connaît-il mon nom ? Les deux techniciens s’appelaient Alain et Olivier je m’en souviens très bien ! Comment sait-il que je suis photographe ! Et surtout Stive… ça s’écrit Steve avec un e et pas un i comme… Non !!! C’est pas possible ! Il faut que j’en aie le cœur net ! Quelle heure est-il ? Neuf heures cinquante ! Vite ! Il faut que je me dépêche ! »pense-t-il tout en fonçant au salon se changer. À peine trois minutes plus tard il est prêt. Il prend son porte-monnaie, le bout de papier et lance à Marie qui est encore sous la douche qu’il va acheter le pain.

À peine la porte fermée il part en courant. Devant l’ascenseur il hésite une fraction de seconde avant de se jeter dans les escaliers « Pas le temps de l’attendre ! » Il avale les marches le menant au rez-de-chaussée en les sautant quatre par quatre, manquant plusieurs fois de se vriller une cheville. En arrivant à destination, une multitude de skieurs harnachés prêts à partir à l’assaut des pistes enneigées déambulent dans le couloir. Tom regarde sa montre « Merde ! Dix heures cinq ! Pourvu que je ne l’aie pas ratée ! » et part en direction de la boulangerie. Une fois devant il se met dans la queue puisqu’il doit quand même ramener du pain et commence à regarder autour de lui afin de vérifier si son inspiration a été bonne… mais rien. « Après tout ce doit vraiment être le technicien ! Je me suis fait un film tout seul ! » Et alors qu’il vient de commander sa baguette, il s’apprête à demander si le technicien n’est pas en retard, quand une voix familière l’interpelle :

– Tom !

Il se retourne et constate avec bonheur que ses doutes étaient bien fondés… c’est bien Stina qui lui a fait passer ce petit bout de papier.

– J’ai cru que j’avais rêvé en ne voyant personne ! lâche Tom du tac au tac.

– Et moi j’ai cru que j’allais te rater une fois de plus ! lâche Stina armée de son plus beau sourire.

– Pourquoi, parce que hier tu es venue ?

– Oui, mais beaucoup trop tard. En fait j’étais prête à  vingt heure cinquante-huit, j’ai pris le sac poubelle et au moment où j’ouvrais la porte, mon téléphone a sonné. Je me suis dit que je rappellerais la personne plus tard, mais le souci c’est qu’en reconnaissant le numéro de ma mère, Jorgen a décroché l’appareil et me l’a passée. J’ai alors pensé abréger la conversation, mais comme elle m’apprenait le décès d’un cousin, j’étais piégée… je ne pouvais la laisser alors qu’elle était en pleurs.

– Je suis désolé pour ton cousin.

– Oh, je ne le connaissais pas, mais hier je l’ai maudit, car bien entendu quand j’ai eu raccroché je suis sorti, mais tu n’étais plus là. J’ai trainé un peu dans le couloir au cas où tu réessayes une fois de plus, mais en vain. 

– Je comprends mieux, et chapeau pour l’idée de la lettre !

– J’ai attendu une heure du matin pour aller la glisser sous ta porte, je ne voulais pas risquer d’être démasquée par ta compagne… j’aurais eu l’air fin ! Mais je ne voyais pas d’autre solution, car il m’était inadmissible de ne pas te revoir, dit-elle avec une infinie tendresse.

– En fait j’ai mis la nuit à me faire une raison quant au fait que tu ne voulais pas me revoir, mais en te voyant je sais que ça aurait été une grosse erreur, ajoute-t-il en la fixant intensément.

– Bon ! Je suppose que tu n’as pas beaucoup de temps, alors soyons efficaces. J’ai bien réfléchi et j’ai eu une idée. Si je me rappelle bien : tu ne skies que l’après-midi ?

– En effet, je consacre les matinées à Marie qui n’aime pas franchement glisser sur les pistes, en faisant de grandes balades en forêt avec elle, et les après-midi je pars seul vers les sommets prendre des photos. 

– Moi aussi je skie seule, Jorgen travaille la journée et on se garde les soirées ensemble dès que je rentre de ma journée au grand air. 

– Et on se retrouve où ?

– Moi je mange tous les jours au Vieux Pisteur le resto d’altitude en haut du télésiège du Jas. Je t’y attendrai.

– Je pars vers une heure, donc je devrais être là-haut vers treize heures trente !

–  Peu importe l’heure à laquelle tu arriveras… du moment que tu m’y rejoins, chuchote-t-elle à son oreille avant d’attraper ses skis et de se diriger vers la porte battante la menant vers le domaine skiable.

Elle se retourne et ses grands yeux noirs le fixent une dernière fois avant de disparaître avec le flot de gens qui s’en vont braver la grande blanche. Tom reste quelques secondes planté dans le hall son pain à la main et un sourire béat accroché à son visage, avant de repartir vers le fameux ascenseur déclencheur de souvenirs.

Quand il pousse la porte de son studio, Marie a tout préparé et l’attend :

– Tu en as mis du temps pour une baguette !

– Il y avait du monde, dit-il simplement.

– Et au fait cette lettre ?

– Ah oui, c’était le technicien qui me faisait dire qu’il avait retrouvé ça, précise-t-il en sortant un capuchon d’objectif de sa poche qu’il avait pensé à embarquer avant de sortir.

– Sympa de sa part. Bon, on le fait ce festin ! J’ai une faim de loup après cette douche mémorable, dit-elle en lui plaquant un baiser d’une intensité rare.

– Si tu veux déjeuner, il va falloir que tu arrêtes avec ce genre de baisers, sinon je risque de succomber à l’envie de rejouer la scène de la douche !

– J’ai trop faim, alors promis, je serai sage.

Tom s’installe, heureux d’avoir échappé à un deuxième câlin, car autant le premier avait été sincère, autant celui-ci aurait été un leurre tellement il avait la tête ailleurs… plus exactement en haut du télésiège du Jas.  

*

Tom se laissait bercer par le léger balancement du fauteuil à quatre places suspendu au-dessus de la forêt de sapins recouverte de son grand manteau blanc. Machinalement il sortit son appareil photo et commença par immortaliser les arbres qui croulaient sous le poids de la neige fraichement tombée. Huit ans qu’il sillonnait l’Europe au milieu des montagnes et il ne se lassait toujours pas de ce spectacle magique. Pourtant aujourd’hui, au bout d’une dizaine d’images, son regard se perdit dans le vide et repartit entre les quatre murs de cet ascenseur révélateur de vieux fantasmes. 

« Il y avait très longtemps que je n’avais pas ressenti ce drôle de picotement au fond du ventre ! Mais qu’est-ce que c’est bon ! J’ai l’impression que plus rien n’est grave, tout glisse sur moi… la vie est belle. Par contre, est-ce que je ne ferais pas une connerie ? C’est quand même pas correct vis à vis de Marie ! Même si ces derniers temps on pouvait sentir un peu de tension entre nous deux, je dois me rendre à l’évidence, depuis deux jours c’est un amour ! De toute façon je ne fais que skier… rien de plus. On a failli franchir la barrière de l’irréparable l’autre nuit, mais heureusement mon ange gardien nous a préservé de cette folie. Je ne fais que profiter encore quelques heures du bonheur de retrouver une personne chère à mes souvenirs, c’est pas plus compliqué que ça ! » 

Mais son voisin de télésiège le sortit de sa rêverie en lui demandant expressément de retirer ses bras du garde-fou car ils n’étaient qu’à cinq mètres de l’arrivée. Tom s’excusa en les retirant pendant que l’autre le relevait. Et deux secondes plus tard ses skis rentraient en contact avec la neige. Heureusement pour lui, Tom était un bon skieur et tout en glissant hors du télésiège, il rangea son appareil dans son sac en tenant ses bâtons coincés sous son bras, alors que bien d’autres se seraient étalés, pris de panique. Mais lui n’en faisait pas cas, seule la vue de la terrasse du restaurant d’altitude monopolisait la totalité de ses neurones.

Une fois ses skis plantés dans la neige Tom fila directement vers Stina qu’il avait tout de suite repérée au milieu des gens attablés. Elle avait la tête légèrement en arrière, offerte aux doux rayons du soleil et son visage était inexpressif ; mais ce dernier s’illumina quand elle aperçut Tom. Aussitôt elle se leva et comme dans l’ascenseur, sachant qu’ici elle était en quelque sorte à l’abri, elle lui sauta au cou et le serra très fort.

… Ils avaient encore trois jours.

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